L’AMSÉE organisait début mai son premier Atelier Énergisant en anglais et en français. Nous vous proposons ici de retrouver le très bon article paru dans l’édition hebdomadaire du Radar du 10 mai dernier, rédigé par Adèle Arseneau et dactylographié par Michel Miousse.
Le CREGÎM (Conseil régional de l’environnement Gaspésie – Îles de la Madeleine) envoyait sa chargée de projet, Élyse Tremblay, sur le terrain la fin de semaine dernière, sollicitée par l’Association madelinienne pour la sécurité énergétique et environnementale (AMSÉE), afin d’animer deux ateliers informatifs du côté de Grosse-Ile et de Havre-Aubert, traitant des changements climatiques et des adaptations possibles.
Rappelons que leCREGIM est un OBNL voué à la protection et œuvre dans plusieurs dossiers environnementaux, que ce soit en recherche, en appuis à d’autres organismes, etc.
Il s’agit du premier atelier énergisant réalisé et promu par l’AMSÉE qui souhaite en offrir toute une série, selon des thèmes variés, mais relatif è la transition énergétique.
Effet de serre : trop c’est comme pas assez
La chargée de projet débutait en en expliquant le phénomène du changement climatique et les principaux gaz à effet de serre que sont la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone, l’ozone et le protoxyde d’azote et que sans effet de serre, il ferait de une moyenne de moins 18 degrés Celsius, pas d’eau liquide ni végétation possible; l’effet de serre est donc important pour préserver une chaleur sur la planète terre. Avec un effet de serre naturel, la température moyenne est de 15 degrés Celsius. Or, sous l’action de l’activité humaine, sa concentration est décuplée et accentue le réchauffement des températures. Ce qui crée des effets d’emballement : fonte des surfaces glacées qui ont la capacité de réfléchir les rayons du soleil au lieu d’être absorbées par la terre, accélération de l’évaporation d’eau, qui crée – à une échelle moindre – l’effet de serre. Dans les faits, depuis l’industrialisation, il y a augmentation drastique des températures.
Météo ou Climat?
Il faut aussi différentier météo et climat : ce dernier est une série d’événements météorologiques sur une longue période tandis que la météo est celle de tous les jours. « Ce n’est pas parce qu’on n’a pas un réchauffement du climat qu’on ne peut pas parfois avoir des journées, des mois ou des années plus froid que la normale », précise Élyse Tremblay. Ces changements entraineront plus de précipitations sur des périodes plus courtes, la montée des eaux, des augmentations du nombre de périodes de gel/dégel qui pourront avoir des impacts sur les infrastructures. L’on prévoit également de l’érosion, des glissements de terrain, le refoulement des eaux dans les bâtiments par sursaturation du terrain, la contamination d’eau potable, de possibles inondations urbaines et rurales. Des scénarios plus ou moins drastiques sont présentés sur l’échelle du temps, en réponse aux actions qui seront prises, individuellement, collectivement et par les instances politiques.
La chargée de projet fait un tour des impacts par sphère : En agriculture, on aura des impacts positifs ou négatifs, selon la région et la culture qui y est faite : plus de sécheresse, arrivée tôt en saison des insectes nuisibles, des évènements extrêmes qui impacteront les végétaux et infrastructures, il y aura risque de gel au sol, un stress hydrique, mais également l’augmentation de la saison de croissance dû à l’ensoleillement prolongé, plus de variétés, plus d’espèces possible au nord, une diminution de besoins en chauffage pour la production en serre. » En mer, l’on entrevoit un devancement de la mue des homards, de la possibilité de maladie, un impact sur la qualité gustative, un trajet migratoire varié selon les espèces, une augmentation des espèces exotiques envahissantes.
S’adapter, oui, mais surtout agir maintenant pour renverser la tendance
Face aux obstacles de nature sociale, Mme Tremblay indique que les bonnes pratiques sont la sensibilisation, des changements politiques, de normes et de règlements. Pour des obstacles techniques, il existe des outils d’aide à la décision, des technologies, expertises, suivies de données. Pour faciliter l’implantation des solutions, il est recommandé d’inclure tous les acteurs du système dans la mise en place et le choix des solutions, mais qu’il faut garder surtout une vision de réduction des gaz à effet de serre, « C’est bien beau de diminuer notre vulnérabilité, mais pas aux dépens des aléas climatiques ». Des incitatifs monétaires sont aussi très utiles pour faciliter l’implantation des solutions. Il faudra, de plus, penser et planifier avant de construire une maison : élever le bâtiment, utiliser des matériaux résistants à l’eau, par exemple. Diverses techniques sont utilisées pour la protection des milieux côtiers : brise-lames, recharges de plage, revégétalisation des côtes, le génie végétal (ex. : casiers à homards pour regarnir la dune), des épis, toutes solutions à utiliser avec précaution, des solutions qui ne s’adaptent pas à tous les contextes, précise-t-elle. Des sites de macroalgues pour diminuer l’énergie des vagues en mer sont proposés et, bien sûr, le recul des infrastructures.
Les solutions agricoles se trouvent dans la micro-irrigation, l’utilisation de variétés mieux adaptées aux conditions climatiques. L’on propose l’utilisation de paillage et engrais naturels pour augmenter la matière organique de la terre, qui devient alors plus solide face à l’érosion et redistribue de meilleure façon l’eau. Il faudra également conserver le plus possible la biodiversité, les milieux humides, même les restaurer ( les ¾ au Québec ont été détruits déjà, indique-t-elle). En milieu marin : diversifier les espèces pêchées, faire la gestion serrée de la chaine d’exploitation pour que les pêcheurs sachent à quoi s’attendre, ajuster la saison de pêche, rétablir la collectivité des habitats, des poissons. Solutions touristiques : voir à l’adaptation de l’offre (l’exemple de l’observation des blanchons et de l’ouverture de l’éventail des activités hivernales), l’adaptation de la demande, la diversification des activités au cours des 4 saisons. S’adapter avec planification dans les municipalités et individuellement : chaque élément (sécheresse, inondation, etc) est noté avec les risques, classé en niveau de gravité, probabilité et capacité de réaction, ce qui facilite le choix d’intervention selon les critères préétablis. Des systèmes d’alerte à la population et plans d’urgence (comme la gestion des bénévoles ou 72 heures de survie autonome des citoyens) devront être mis en place.
Pour mieux s’outiller
Heureux de la première de ce que l’on souhaite devenir une série, l’AMSÉE, OBNL dédiée à la transition énergétique, désire répondre aux besoins et questions de la communauté en offrant une programmation d’activités, de mai à octobre, ayant pour thème la transition énergétique en soutien dans leur démarche de diminution de l’empreinte environnementale. Changements climatiques, micro-réseaux, autoproduction solaire, sécurité énergétique, mobilité durable, transport électrique, mini-maisons, sont parmi les thèmes sélectionnés pour répondre à la demande grandissante des madelinots sur ce sujet. Une campagne de financement est maintenant en cours afin de compléter le montage financier et pouvoir propager les ateliers. La contribution est possible sur le site web de l’organisme.
Tiré du Radar, édition du 10 mai 2019