L’AMSÉE appuie la démarche de Nature-Québec

L’AMSÉE a pris connaissance d’une lettre cosignée par Nature Québec et par une citoyenne des Îles-de-la-Madeleine, adressée à la Ministre du développement durable, de l’environnement et de la lutte aux changements climatiques (MDDELCC), concernant le développement éolien en habitat protégé. Pour les raisons développées dans son mémoire – et compte-tenu du scénario énergétique de raccordement finalement retenu par Hydro-Québec – l’AMSÉE appuie cette lettre et le communiqué de Nature Québec, émis le 3 juillet 2018. L’AMSÉE continue toutefois à voir d’un bel œil le développement des énergies renouvelables telles que l’éolien, ailleurs sur l’archipel ou en mer, et reconnaît la contribution de bonne foi des partenaires du projet à la réduction des impacts environnementaux du parc éolien de la Dune-du-Nord.

PROJET DE PARC ÉOLIEN DANS UN HABITAT PROTÉGÉ AUX ÎLES DE LA MADELEINE : « ATTENTION! », DIT NATURE QUÉBEC

Québec, le 3 juillet 2018 – Dans une lettre cosignée(1) avec une citoyenne des Îles de la Madeleine, Nature Québec interpelle la ministre du MDDELCC, madame Isabelle Melançon, afin que soit maintenue l’intégrité de l’habitat floristique désigné de la Dune-du-Nord, menacé par la réalisation d’un projet éolien qui serait implanté dans un endroit inapproprié.

Dans ce secteur de la Dune-du-Nord, ce statut d’aire protégée reconnu au Registre des aires protégées du gouvernement du Québec contribue à la protection de plusieurs espèces floristiques et fauniques menacées, vulnérables ou en situation précaire. Nature Québec questionne par ailleurs la pertinence même du projet compte tenu de l’annonce récente faite par Hydro-Québec (HQ) à l’effet que l’archipel serait bientôt relié par un câble électrique sous-marin. Rappelons que le projet d’implantation de parc éolien de 6 MW a fait l’objet d’une consultation publique du BAPE en mai 2017 et que dans leur rapport, les commissaires confirment l’importance de ce secteur de la Dune-du-Nord pour la préservation de la biodiversité du Québec, notamment d’espèces en situation précaire comme le corème de Conrad, la hudsonie tomenteuse et le grèbe esclavon. Ils soulignent également la fragilité de l’écosystème de la dune face aux perturbations qu’occasionneraient l’implantation et l’exploitation des éoliennes.

Devant la course des promoteurs vers la réalisation de leur projet, Nature Québec demande que les recommandations du rapport du BAPE soient mises en œuvre, en commençant par la première : avant d’autoriser tout projet de parc éolien dans l’habitat floristique de Dune-du-Nord, qu’une analyse comparative de sites potentiels soit menée de façon rigoureuse et scientifique.

Nature Québec demande de surcroît que cette étude soit élargie afin de tenir compte du fait qu’Hydro Québec vient d’annoncer l’installation d’un câble sous-marin qui permettra, dès 2025, de réduire de 94 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) de la centrale thermique de Cap-aux-Meules et de développer un projet de microréseau de production d’énergie électrique à partir de toutes sources renouvelables d’énergie. Faut-il rappeler que l’objectif des promoteurs du projet éolien pour justifier l’altération de cet habitat était de réduire de seulement 13 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) de la centrale sur un horizon de 20 ans.

Ce 21 juin, Hydro Québec a déposé à la Régie de l’Énergie une demande d’approbation du contrat d’achat d’énergie éolienne qu’elle vient de signer avec le fournisseur «Parc éolien de la Dune-du-Nord S.E.C.», formé d’investisseurs de la Régie intermunicipale de l’énergie Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (50 %), Valéco Énergie Québec Inc. (25 %) et Plan A Infrastructure Inc. (25 %). Le contrat précise que le fournisseur s’engage à obtenir, d’ici le 8 août, l’autorisation de l’autorité fédérale et celle du MDDELCC en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement. Nulle part, il n’est fait mention de la présence de l’habitat floristique, ni de l’autorisation nécessaire en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (LEVM).

Nature Québec estime que l’implantation d’éoliennes dans cet habitat floristique désigné, en plus d’empiéter de façon significative dans une aire protégée, peut constituer un dangereux précédent et une entorse à la LEMV, pouvant affaiblir, voire rendre caduque la législation québécoise sur les espèces menacées. Considérant ce risque et tenant compte également de la nouvelle orientation d’HQ pour l’approvisionnement de l’archipel en électricité propre, Nature Québec demande à la ministre d’user de son pouvoir ministériel pour que la LEMV soit respectée, pour que soit maintenue l’intégrité du fragile écosystème dunaire et pour que soit préservée la diversité biologique du Québec.

« Peut-on imaginer ce que coûtera à la Société d’État l’achat d’électricité éolienne dont elle n’aura plus aucun besoin après 2025? Et, si en plus, on ajoute le coût écologique des préjudices causés au milieu naturel emblématique des Îles et de la perte éventuelle d’autres habitats naturels protégés au Québec, on ne peut que conclure qu’il s’agit d’un projet à la rentabilité douteuse, situé dans un endroit inapproprié», s’inquiète le directeur de Nature Québec, Christian Simard.

«Conserver l’intégrité de l’habitat floristique de la Dune-du-Nord, respecter la législation sur les espèces menacées et localiser ailleurs des éoliennes, ce serait en quelque sorte joindre le geste à la parole, ce qui manque trop souvent en matière de protection du patrimoine naturel, même aux Îles de la Madeleine», estime pour sa part Hélène Chevrier, citoyenne engagée dans la valorisation et la protection de la nature.

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(1) La lettre est disponible sur demande